Alors, tu veux savoir ce que c'est, Coll Baix ? Imagine d'abord la chaleur du soleil sur tes bras, même à travers les pins. Tu sens cette odeur résineuse, presque sucrée, mélangée à un parfum de terre sèche. Le chemin, il n'est pas large, juste une trace de pas et de cailloux qui roulent un peu sous tes pieds. Tu descends, lentement, et le seul bruit que tu entends, c'est le frottement de tes chaussures sur les graviers, le chant des cigales lointain, et peut-être ton propre souffle qui s'accélère un peu. Autour de toi, les troncs des arbres sont tordus par le vent, leurs branches filtrent la lumière en taches mouvantes sur le sol. C'est une descente dans le silence, avec juste l'anticipation de ce qui t'attend.
Pour le départ, tu prends la petite route qui mène à la Finca Pública de Son Real, après Alcúdia. Mais attention, la voiture ne va pas jusqu'au bout ! Tu laisses ta voiture au parking indiqué, près d'une barrière. C'est de là que commence la vraie aventure. Prépare-toi pour une bonne marche, environ 30 à 45 minutes de descente, parfois raide. Il te faut absolument de bonnes chaussures fermées, genre baskets de rando ou même des chaussures de marche, pas des tongs, sinon tu vas glisser et te tordre la cheville. Prends aussi de l'eau, beaucoup d'eau, et de la crème solaire. Il n'y a pas d'ombre sur la plage.
Et puis, soudain, le bleu. Un bleu tellement profond, tellement intense qu'il te prend au ventre. Tu lèves les yeux, et le ciel est immense, puis tu les baisses, et la mer est là, en contrebas, comme un joyau posé dans un écrin de falaises escarpées. Le son des vagues, d'abord un murmure lointain, devient plus clair, un rythme doux et constant. Tu sens la brise marine sur ton visage, elle apporte avec elle une odeur salée, vivifiante. Les derniers mètres de la descente sont un peu plus techniques, il faut s'aider un peu des mains, mais la récompense est là : une plage de galets lisses, polis par des milliers d'années de vagues.
Une fois en bas, sache que tu es vraiment au bout du monde. Il n'y a absolument rien ici : pas de toilettes, pas de douches, pas de bar, pas de parasols à louer. Zéro infrastructure. C'est ça qui fait son charme, mais ça veut dire que tu dois tout prévoir. Apporte ton pique-nique, tes boissons, une serviette épaisse car les galets peuvent être un peu durs sous le dos, et un masque-tuba si tu aimes observer les fonds marins – l'eau est incroyablement claire. Pense aussi à un petit sac pour ramener tous tes déchets avec toi, c'est super important de laisser l'endroit impeccable.
Plonge tes pieds dans l'eau. Au début, elle est fraîche, mais d'une pureté incroyable. Tu vois le fond, même à plusieurs mètres de profondeur, les petits poissons qui filent entre les rochers. L'eau t'enveloppe, te porte, et le silence est presque total, juste le clapotis des vagues contre les galets. Tu sens le soleil qui sèche l'eau sur ta peau quand tu sors, et la chaleur du galet sous tes mains quand tu t'allonges. C'est un sentiment de paix profonde, loin du monde, juste toi et l'immensité de la nature. Tu peux nager loin, l'eau reste calme et limpide.
Pour vraiment en profiter, vise le matin tôt. Non seulement la lumière est sublime, mais tu auras de bonnes chances d'être presque seul ou avec très peu de monde. Plus tard dans la journée, surtout en été, elle peut être plus fréquentée, mais jamais bondée comme les plages touristiques. N'oublie pas que la remontée est un effort similaire à la descente, mais en sens inverse ! Prends ton temps, fais des pauses. Et surtout, respecte le lieu. C'est un petit paradis qui reste sauvage parce qu'on en prend soin.
Olya from the backstreets.